Dixneuf (Hervé)
Hervé DIXNEUF : J’ai obtenu un bac arts appliqués. Tous les ans, nous allions à Paris visiter des écoles – Estienne, Duperré, etc. Je trouvais ça attirant, puis ce sentiment s’est atténué au fil des visites car j’avais l’impression que l’on y apprenait toujours la même chose : on voyait de beaux rough mais je ne ressentais pas l’écriture personnelle des étudiants. C’est pour cette raison que je me suis dirigé vers les beaux-arts plutôt que vers un BTS. Certains de mes professeurs m’ont conseillé Saint-Étienne. J’ai bénéficié de bons enseignants. Je me souviens en particulier d’un passionné de design, monsieur Blanchard, et de son cours «Art, technique et civilisation». Quand je suis entré à l’école des beaux-arts de Saint-Étienne, je savais que je voulais suivre l’option « design ». En même temps, il y a eu de ma part une vraie remise en question : en arts appliqués, on nous apprenait à faire des planches et à tout justifier ; dans les cours de dessin de première année à l’école, nous étions 130 étudiants, on affichait notre travail en fin de séance et notre professeur Philippe Louisgrand les passait en revue sans autres explications que «ça, ça fonctionne», «ça, ça ne fonctionne pas ». Cela nous amenait à nous poser des questions. Les beaux-arts apprennent à avoir un regard, un oeil sur les choses de manière plus sensible.