Paréidolie 2025

Pour cette édition de Paréidolie, la Galerie 8 + 4 a décidé de mettre à l’honneur le maitre du néo-manga : Yûichi Yokoyama (né en 1967 à Miyazaki au Japon). Considéré comme l’un des plus importants artistes contemporains travaillant à la frontière entre art contemporain et bande dessinée, il développe depuis les années 1990 une œuvre remarquable à la frontière entre figuration et abstraction. Pour Paréidolie, est présenté un ensemble exceptionnel de dessins et esquisses préparatoires de ces derniers albums (Voyage, Plazza, Jardin, Baby-Boom). Son trait sobre trouve dans ces dessins une énergie d’autant plus étonnante qu’elle intervient sur divers types de papiers (papiers de récupération, brouillons, publicités...) où il joue avec les caractères imprimés, comme des sons, pour mieux affiner ses compositions et son story board.

Exposées régulièrement dans les grands musées japonais, anglo-saxons ainsi qu’au Palais de Tokyo (2018), ses planches clôturaient la vaste exposition sur la bande dessinée présentée par Beaubourg en 2024. Parfois rehaussés de couleurs ou de collages, ces œuvres au crayon cristallisent dans une même forme le bouillonnement pop de nos cultures contemporaines et la radicalité d’un auteur cherchant l’épure dans ses récits.

Pour la deuxième année nous présentons, le travail de Clément Bagot qui joue à sa façon de cette minutie où le trait se fait détail conduisant l’œil à douter des échelles, hésitant entre macrocosme et microcosme, vues depuis l’espace ou territoire fantasmé avec des plans de ville. La nouvelle série exposée pour Paréidolie atteste d’un retournement spectaculaire avec la réintroduction de la figuration, mais une figuration paréidolique ou les images déploient des strates presque antinomiques avec leurs ruptures d’échelles et leurs ambiguïtés de relations avec le réel, leur mise en abyme. Le spectre de l’humain sous forme de robots y apparait comme pour mieux réaffirmer que cet art puise aussi ses racines dans les univers fantasmatiques de la bande dessinée ou de la science-fiction.

Pour cette édition de Paridolie, nous présenterons également la nouvelle série des Sœurs Chevalme « Hors Champs » qui pour l’occasion nous offrent des dessins élargissant le spectre des registres d’images historiques leur servant de fondement à leur travail. Caractérisé par une démarche prenant en compte la relation que la culture occidentale entretenait, et entretient encore, avec le reste du monde, investissant l’impensé du colonialisme, étudiant les cultures souterraines des communautés qu’elles croisent, investissant les ruptures historiques qui ont marqué le XXe siècle, elles ne cessent de lier dans un même mouvement essai scientifique et pensée sur le surgissement de l’art dans le monde contemporain.

Kim N Kosiahn dont ce sera la première participation à Paréidolie, cherche avec ses encres à saisir la réminiscence de choses ressenties et vécues lors de son enfance au Vietnam, pays bouleversé par la guerre. Loin de vouloir retranscrire le réel, ces œuvres délicates de petits formats confèrent aux souvenirs une forme éthérée et poétique.

Autre artiste présenté pour la première fois à Paréidolie : Nicolas Aïello. Artiste du temps, de la trace manuscrite comme attestation d’un rapport à l’écrit, collectionné par les grandes institutions françaises (Centre Georges Pompidou, Bibliothèque Nationale de France…). Dans le travail de Nicolas Aiello les l’enchevêtrement de traits forment comme des strates géologiques qui se recouvrent, étirent le regard vers d’autres contrées et d’autres temporalités. Souvent imaginés comme des transpositions distanciées de documents, photos, travail d’anciens historiens (tels Shapiro ou Warburg) qu’il collecte, ces dessins qu’il faut aussi voir comme des tentatives manuscrites d’écriture jettent le trouble dans la lecture qu’il est possible d’en faire.