Drawing Now 2022
Participation à Drawing Now, du 18 au 22 mai, stand C3 au Carreau du Temple, Paris 3e.
Pour cette nouvelle édition de Drawing Now, nous sommes heureux de présenter l'actualité de deux artistes que nous accompagnons régulièrement : Claire Trotignon et Lionel Sabatté. Leurs créations entreront en dialogue avec l’œuvre tout aussi singulière d’une artiste en provenance de Londres et jamais présentée aux collectionneurs de Drawing Now : Amélia B.
EN FOCUS : CLAIRE TROTIGNON
Nommée pour le prix Drawing Now 2022, Claire Trotignon a spécifiquement imaginé de nouvelles pièces attestant d’une mutation dans son style avec l’irruption de grandes plages colorées réalisées à la gouache.
Claire Trotignon (née en 1984, France)
Vit et travaille à Paris et Tours.
À travers le dessin et la découpe, Claire Trotignon construit sur le papier et dessine dans l’espace. Prolongeant le trait et la trame de fragments recomposés, l’artiste met en œuvre la collision d’éléments hétérogènes, faisant voler en éclats l’aspect perspectif traditionnel et la narration linéaire pour donner lieu à de nouveaux espaces-temps. La conjonction paysage/architecture/cartographie engendre, chez elle, une forme de ruine, devenant à la fois le symbole d’une perte et d’une lecture en réserve de notre réel. Chaque année une exposition personnelle lui est consacrée par un lieu d’art institutionnel français (FRAC IDF, CAC Le Shed, Centre Pompidou-Metz). Son travail a été présenté en France et à l’étranger (Fondation Louis Vuitton, Biennale d’architecture de Venise, FIAC, Untitled Miami). Ses œuvres ont intégré des collections publiques (Collection Société Générale, BnF, FMAC, New York Public Library) et de nombreuses collections privées.
Amélia B. (née en 1991, France)
Vit et travaille à Londres.
Véritable révélation de ces deux dernières années, Amélia B. (Amélie Barnathan) est une jeune artiste tout juste sortie du Royal College of Arts, Londres. L’art d’Amélia B. est tout sauf innocent. Il désoriente, bouleverse, interroge par sa capacité à décortiquer la construction des identités chez les jeunes femmes contemporaines. Ses dessins rehaussés de gouaches d’une somptueuse délicatesse présentent des jeunes filles au sortir de l’adolescence, moment de découverte du désir et surtout de confrontation avec un monde où les technologies de communication enferment plus qu’elles ne libèrent le corps féminin et son imaginaire. Ces scènes offrent l’image de personnages mis au supplice par leur double même. La chair y est mise à nue, exposée, les membres tordus sous l’action de machines cliniques. Pourtant, rien de réel dans ces représentations, mais des fantasmagories d’êtres humains devenus des machines désirantes. Tout le mérite et la beauté de ces représentations reposent sur une tension entre un sujet et la parfaite maîtrise d’une technique du dessin et de la gouache. Les décors déploient de surprenantes teintes pastels surtout présents dans des jungles luxuriantes. D’une redoutable efficacité, l’art d’Amélia B. s’affirme comme une interrogation radicale sur un pan obscur et méconnu de la psyché féminine en butte à l’écrasant poids d’une société normalisatrice cherchant à enfermer les femmes dans une série de rôles stéréotypés.
Lionel Sabatté (né en 1975, France)
Vit et travaille à Paris.
Lionel Sabatté fait jaillir le vivant, le beau, l’intemporel de matières mortes, méprisées ou jetées au rebut. Il transcende ce que la société nomme communément « déchet ». Des contenus de sacs d’aspirateurs muent en oiseaux, de la poussière récoltée dans le métro se transforme en loups, une souche de bois mort se ravive en chimère, des cheveux en visages, des plaques d’acier industriel oxydées en paysages, des peaux mortes fournies par un podologue éclosent en fleurs... Le sculpteur devenu balayeur, glaneur, recycleur, surcycleur... se révèle créateur d’un autre rapport au temps, qui retrouve enfin sa boucle, son élastique éternité. La préhistoire, les cavernes, les abysses, l’insularité, les premières formes de vie sont la toile de fond d’une œuvre qui invite les animaux, l’alchimie, la vie organique à prendre forme et à cohabiter en harmonie avec l’être humain. L’artiste, né en 1975, qui a grandi sur l’île de La Réunion, hésitait encore à devenir professeur de judo lorsqu’il a intégré les Beaux-Arts de Paris. Il promène depuis son naturel à hauteur d’homme et de vie terraquée. L’artiste avale en ogre les excès de la société de consommation pour en recracher des créatures connectées au vivant, des génies, des druides, dotés de l’esprit immanent de la vie. (Texte Alice Audouin)
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