Pierre Buraglio / Vanité avec Hubert Lucot D

Avec ces quatre estampes originales réalisées spécifiquement pour l’exposition « Suivre Favignana », Pierre Buraglio réactive l’un des motifs omniprésents dans son œuvre : le blockhaus. Témoignage d’un moment particulier de l’histoire, le blockhaus est surtout pour lui une forme d’étrangeté dans le paysage qui ainsi ouvre des possibilités inouïes de composition. Le brutalisme des formes en béton contredit ce qu’affirme le paysage du littoral. C’est cette tension qu’il met en scène mais en l’ouvrant à d’autres représentations. Le collage devient ici un élément moteur, une sorte de bricolage savant lui permettant de convoquer à la fois son observation directe (et donc le dessin d’après nature) et la grande histoire de l’art.

Manet, Seurat, Braque et tant d’autres y sont présents sous la forme de clins d’œil, de citations plus ou moins directes qu’il s’amuse à incorporer (en les collant ou les agrafant) dans comme pour mieux égarer le regard. Mais ces œuvres sont aussi la cristallisation de ses interrogations sur ce qui fait œuvre et la façon dont elles peuvent ouvrir l’imaginaire, en laissant dialoguer librement les associations qu’il se plait à convoquer. L’écriture manuscrite y devient un élément central comme pour mieux condenser ce qu’il était éparpillé. Ces lignes ponctuent comme autant de sentences mystérieuses chacune de ses compositions. Rien n’est fixé, dit, arrêté mais devient l’amorce d’une reconsidération des outils même de l’art.

Chacune de ces compositions a été réalisé tirée sur papier Hahnemühle à 4 exemplaires par impression pigmentaires puis découpées et rehaussées d’interventions directes de l’artiste à la gouache avec des collages de papiers ou de photographies et des agrafes.