Christian Jaccard / Poétique de l'incandescence

Exposition "Poétique de l'incandescence" de Christian Jaccard, du 14 mai au 30 juin 2022. Vernissage samedi 14 mai de 16h à 21h. 

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On le dit artiste du feu, maître de la combustion et de la transmutation des matières, Christian Jaccard est bien plus que cela. En atteste son amour immodéré pour les mots, seule condition pour décrire le réel et affirmer un rapport ténu qu’une vie entière ne suffit à épuiser. En atteste tout autant sa passion dévorante envers le monde perçu comme une réserve de possibles. Si son art est celui des noeuds, des plis et des torsades devenues à la fois sculptures et lignes d’errances, il est tout autant celui de l’incandescence avec la chimie de ses feux et dont la combustion à mèche lente oblitère la matière. Chez lui, trace, suie et poussière ne sont pas les scories de notre temps mais bien la possibilité d’une communion inédite, celle de l’humain enfin capable d’aller au-delà du visible pour rejoindre le sensible.

Adolescent passionné par les traces immémoriales du temps avec ses fossiles, il devient, à la fin des années 1950, étudiant à l’École des beaux-arts de Bourges, lieu déjà hanté par le feu, la céramique et les mutations de matières. Et si l’art n’était qu’empreinte, imprégnation ? L’acte classique de peinture mériterait alors d’autres processus de fabrication. Ce qu’il faut c’est dessiner autrement. Les noeuds sont une première approche, les mèches lentes consumant son support une autre. Au tournant des années 1980, la combustion se substitue au pinceau et lui permet d’investir le monde. L’atelier se métamorphose pour devenir espaces industriels en déshérence investis le temps d’une présentation avant qu’il ne rejoigne la plénitude et l’infini de la nature avec ses brûlis. « Ce n'est pas l'absurdité de l'acte de peindre qui m'occupait, a-t-il coutume de dire, mais sa dérision ou son impuissance à produire quelque chose d'efficient, d'efficace, de radical, quelque chose qui soit comme un éclat ou comme une magie opérant de la matière sur le regard. »

Les séquences d’oeuvres qu’il présente à la Galerie 8 + 4 couvre une période de quarante ans environ (1983-2021) et marquent une sorte de retour amusé vers la peinture. Si plusieurs séries inédites reposent sur l’apposition de mèches lentes sur des plaques de métal qu’elles oblitèrent, marquent et scarifient, exposant un trait souverain en dialogue avec l’épaisseur même de la matière, d’autres annoncent un retour à la peinture et l’ouverture vers l’amplitude de la couleur. Considérons-les comme des sortes de totems. Christian Jaccard y convoque les couleurs de notre temps. Parfois sourdes, souvent éclatantes, elles isolent des petites séquences de carrés sur lesquelles il appose l’éclat de la flamme. Le motif, toujours le même et à la fois si différent, devient soudain une sorte de photogramme d’un film impossible car réalisé uniquement avec les moyens de la peinture et du feu.

Jamais présentées aux publics, ces oeuvres attestent d’une maîtrise folle, presque hallucinée. Toutes prouvent que faire art c’est creuser dans le visible, c’est prendre le hasard à bras-le-corps en lui imposant la rigueur sans faille d’une pratique devenue rite. À cette condition, il est alors possible de percevoir un peu de transcendance.

Damien Sausset

Jaccard (Christian)


Christian Jaccard est plasticien : c'est un artiste du processus de combustion et l'auteur du Concept supranodal. Il est né à Fontenay-sous-Bois en 1939. Il est de nationalité suisse et française. Le travail de l’artiste repose la question de la définition du dessin. Son trait provient de la trace laissée par la mèche lente, c'est le suintement incandescent du goudron qui imprime la toile blanche. Ou bien les flammes elles-mêmes, vives, illuminant les murs, comme des dessins installations. La boucle de cordon inflammable se transforme en couronne d’épines. L’oeuvre de Christian Jaccard s’organise autour de 2 axes (les noeuds et la combustion) en spécifiant ses recherches sur les traces, les empreintes (qu’elle soit due à l’estampage, la combustion, le pliage, la calcination ou le tressage). Dans ses deux cas, il utilise une méthode bien définie ; chacun de ses gestes, de ses actes est exercé avec rigueur, conceptualisé et contrôlé.



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